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Question de Mme Agnès Evren (Paris - Les Républicains) publiée le 04/04/2024

Question posée en séance publique le 03/04/2024

M. le président. La parole est à Mme Agnès Evren, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Agnès Evren. Ma question s'adresse à Mme la ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

Madame la ministre, les événements survenus au lycée Maurice-Ravel de Paris, qui ont conduit à la démission de son proviseur, sont devenus le nouveau symbole de la lâcheté face à l'offensive islamiste.

Le rectorat de Paris a maladroitement justifié son départ pour convenance personnelle, mais plus personne n'est dupe : ce proviseur a démissionné pour protéger sa sécurité, parce qu'il était la cible de menaces de mort et parce que, en 2020, un professeur, Samuel Paty, a été décapité, tout comme un autre professeur, Dominique Bernard, a été assassiné voilà moins de six mois.

Oui, madame la ministre, l'offensive islamiste se déploie dans nos écoles. Elle pousse les enseignants à l'autocensure, elle piétine les valeurs républicaines et elle tue.

À la fin, ce que les Français ont retenu de cet épisode, c'est la démission du proviseur face à des élèves qui, volontairement et en toute conscience, voulaient défier la loi de la République.

La République a cédé devant l'obscurantisme : voilà le message qui a été délivré. Or l'école ne doit pas être simplement un sanctuaire. Elle est bien plus que cela, car elle préfigure notre civilisation.

Quand on défend la laïcité telle que notre République l'a conçue, on défend la cohésion nationale, le développement de l'esprit critique, les libertés individuelles et l'État de droit. Sur tous ces tableaux, si l'école sombre, c'est la France qui sombre.

Madame la ministre, au-delà des brigades de sécurité et des décisions ponctuelles, nous attendons une réponse systémique.

Comment comptez-vous non seulement mieux protéger nos élèves, mais également mieux accompagner les enseignants et les chefs d'établissement au quotidien, les épauler et les soutenir, chaque fois qu'ils sont menacés, sans jamais attendre que les choses se dégradent ? (M. Stéphane Ravier s'exclame.)

Ne cédons plus un pouce de terrain à ceux qui veulent abattre l'école, mais aussi, au travers de l'école, la République, et au travers de la République, la France. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe UC.)

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 04/04/2024

Réponse apportée en séance publique le 03/04/2024

M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

Mme Nicole Belloubet, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, madame la sénatrice Evren, le Gouvernement et moi-même vous rejoignons sur bien des points.

La laïcité est un fondement incontournable de notre République et de notre école. On ne peut bien apprendre que dans une école où les principes de la laïcité sont respectés, car ils créent le terreau commun à l'ensemble de nos élèves et de nos professeurs. Je le répète, nous serons de ce point de vue d'une totale intransigeance et aux côtés de nos équipes éducatives.

La réponse que nous avons construite à la suite des événements dramatiques et des assassinats islamistes terroristes que nous avons connus - vous avez évoqué Samuel Paty et Dominique Bernard - est, j'en suis sûre, efficace.

Nous sommes aux côtés des établissements. Dès qu'un événement s'y produit, nous déployons un bouclier de protection, en lien avec les forces de l'ordre et les équipes académiques, et nous agissons au plan juridique.

Au moindre incident sur les espaces numériques, nous suspendons les messageries de manière à arrêter la circulation des messages malveillants.

Nous proposons également à nos équipes un soutien de proximité, qu'il soit psychologique ou juridique, avec la protection fonctionnelle.

Voilà quelques jours, dans l'affaire qui concerne le proviseur du lycée Maurice-Ravel, M. le Premier ministre a souhaité que l'État porte plainte pour dénonciation calomnieuse.

J'ai moi-même annoncé récemment que l'État se porterait systématiquement partie civile dès qu'il sera porté atteinte à l'école. En effet, là où l'État porte plainte, l'école peut demander réparation. C'est un point d'une importance absolue.

Madame la sénatrice, notre réponse est globale, ferme et intransigeante. La laïcité est un principe cardinal. Nous serons définitivement arc-boutés sur son respect, à l'école et pour la République. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. - Mme Nathalie Delattre applaudit également.)

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